Les agriculteurs deviennent des énergiculteurs
Étrange paradoxe. En consommant toujours plus d’intrants, en développant sa mécanisation, le secteur agricole mondial n’a jamais autant consommé d’énergie que ces dernières années. Depuis les années 1960, indique un article publié dans les Comptes Rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS), les apports énergétiques aux terres agricoles ont bondi de 137%, sans que les rendements ne progressent au même rythme.
50 000 exploitations équipées
Une autre étude, publiée par l’agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en amont du salon de l’agriculture, s’est intéressée à la production d’énergies renouvelables des paysans français.
4,5 Mtep par an
En valorisant la biomasse (pour faire de la chaleur ou du gaz naturel), en produisant de l’électricité avec des panneaux photovoltaïques, en auto-consommant chaleur ou électricité, les 50.000 exploitations équipées génèrent déjà 20% des énergies vertes nationales. Soit l’équivalent de 4,5 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) par an.
Le poids des agrocarburants
Plus de 70% de cette production énergétique provient des agro-carburants (biodiesel, éthanol), 8% du solaire photovoltaïque, 6% de la méthanisation et de la biomasse chaleur. En 2015, la location de terres pour implanter des éoliennes n’a contribué qu’à 2,4% du montant des dividendes énergétiques versés aux agriculteurs. Ce n’est qu’un début.
Un doublement en 15 ans
L’Ademe estime que cette production pourrait doubler d’ici à 2030 et plus que tripler vers le milieu du siècle. Bonne pour la transition énergétique, cette diversification du monde agricole contribue à équilibrer le budget de nombreuses exploitations. Le produit de la vente d’énergie verte peut atteindre à 15 000 euros par an : 60% du salaire moyen d’un agriculteur français !