Verdissement du bouquet énergétique de la Mauritanie
Comme nous le faisons chaque semaine sur le site de la Communauté AlpEnergie en vous proposant deux brèves, nous vous présentons un aspect inédit de la lutte contre le changement climatique. Dans cette édition : le verdissement du bouquet énergétique de la Mauritanie.
Le pays n’est qu’un gigantesque désert. S’étalant sur 1 million de km2 (deux fois la superficie de la France), la Mauritanie abrite 4 millions d’habitants, dont le quart habite Nouakchott, la capitale. Les trois quarts de la population sont installés dans plus de 8 000 villages, dont beaucoup ne comptent que quelques dizaines de personnes.
-23% d’émission de CO2
Hormis à Nouakchott et Nouadhibou, les deux plus grandes villes du littoral, l’électricité est rare, voire hors d’atteinte. Mais ça, c’était avant. En amont de la COP 21, l’ancienne colonie française s’est dotée d’une nouvelle stratégie énergétique pour les 15 prochaines années. Objectifs : réduire de 23% les émissions carbonées du pays tout en devenant un hub régional de production d’électricité verte.
Centrales hybrides
En quelques mois, la Somelec, a mis en service une ferme éolienne de 32 MW et une centrale photovoltaïque (PV) de 30 MWc, dans les faubourgs de la capitale. En parallèle, l’électricien national a entrepris d’hybrider ses centrales thermiques classiques : toutes sont maintenant couplées à une centrale solaire et à des éoliennes qui prennent le relais durant la journée. Le tout pour une capacité nouvelle installée de 12 MW.
50 petites centrales photovoltaïques
Dans les villages non reliés aux réseaux, 50 petites centrales photovoltaïques alimentent une plateforme multifonctions : alimentation d’un réfrigérateur collectif, de deux ateliers de couture et de soudure qui, grâce à la fée électricité fonctionnent jour et nuit. De quoi dynamiser les activités rurales. Ce n’est pas fini.
Éolien et PV pour la capitale
Capitalisant sur l’un des meilleurs gisements de vent d’Afrique occidentale, la Mauritanie va prochainement lancer la construction d’un parc éolien de 102 MW, au nord. Si l’urbanisation n’est pas la plus rapide, Nouakchott devrait être dotée d’une seconde centrale PV, de 50 MWc, cette fois.
Barrages multinationaux
Sur le fleuve Sénégal, au sud, Mauritanie, Sénégal et Mali achèvent la réalisation de la centrale hydroélectrique de Guina (142 MW), dont le tiers du productible est réservé à la Mauritanie. Il complètera la production des barrages de Manantali et de Félou. Dès 2020, 60% de l’électricité consommée par les Mauritaniens sera d’origine renouvelable. Et 40% des habitants auront accès à l’électricité : deux fois mieux qu’aujourd’hui.
Exporter en Europe ?
L’export est au cœur du projet. La Somelec va débuter la construction de 2 000 km de lignes de transport de 225 kV pour alimenter le Mali et le Sénégal, très déficitaires. A terme, la Mauritanie n’exclue pas de raccorder ses lignes à celles du Maroc. Et pourquoi pas, dans la foulée, exporter ses électrons en Europe, via le royaume du Maroc justement et l’Espagne ?