PPA : Groupement Les Mousquetaires x ENGIE
Le développement et la transformation du Groupement Les Mousquetaires passent par des investissements dans son avenir énergétique. Etayée par 3 piliers -la consommation, l’achat et la production- la stratégie énergétique du Groupement français nous est expliquée par Bruno BREYNE, chef d’entreprise Mousquetaires en charge de la Direction Energie du Groupement Les Mousquetaires
Quels sont les principaux chiffres du Groupement ?
Créé en 1969, le Groupement Les Mousquetaires rassemble plus de 3 000 chefs d’entreprise indépendants ainsi que 150 000 collaboratrices et collaborateurs au service de la performance de près de 4 000 points de vente de proximité en France, Belgique, Pologne et Portugal. Le Groupement composé des enseignes Intermarché, Netto (alimentaire) ; Bricomarché, Brico Cash et Bricorama (bricolage) ; Roady et Rapid Pare-Brise (mobilité) dispose d’un pôle agroalimentaire de 56 usines, toutes situées en France, d’une logistique intégrée, d’une foncière et de ses propres services d’appui. Acteur majeur de la grande distribution, il représente un volume d’affaires de 54,4 Mrds € avec carburant en 2022.
Quelle est votre ambition sur le terrain énergétique ?
Nous investissons pour notre avenir énergétique, que nous voulons sobre, maîtrisé, autonome et solaire. Afin d’accélérer rapidement notre plan de transition énergétique, celui-ci se décline en trois objectifs :
1 – Réduire et optimiser nos consommations d’énergie.
Notre objectif est d’améliorer la performance énergétique de tous nos sites via trois types d’opérations :
- le pilotage de la consommation (technologies de régulation, management de l’énergie, utilisation de la data…)
- l’ajout d’un certain nombre d’outils, de technologies ou d’accompagnement à nos différents postes de consommation (systématiser les HP/BP flottantes sur nos systèmes de froid, installer des Gestions Techniques du Bâtiment dans tous nos sites, contractualiser l’accompagnement par des Energy Manager…)
- le remplacement ou le rétrofit de nos équipements énergétivores par des technologies plus sobres en énergie (groupes « froids » en CO2, éclairages 100 % LED, récupération de chaleur, isolation…).
2 – Produire de l’énergie renouvelable
Notre ambition est de développer des projets en autoconsommation via la solarisation. Nous estimons la possibilité d’autoproduire à partir de nos sites à environ 25 à 30 % des besoins d’électricité du Groupement via :
- l’énergie solaire, d’autant plus attrayante que nous disposons d’un véritable atout : un important foncier et différents actifs valorisables (surfaces, terrains, toitures, parkings, etc.). Les points de vente et les bases logistiques sont accompagnés pour installer des systèmes de production photovoltaïques.
- l’agrivoltaïsme, une solution qui permet de produire de l’électricité photovoltaïque sans perturber la production agricole (élevage, céréales, maraîchages, fruits…). Producteurs & Commerçants, doté d’un pôle agroalimentaire et proche du monde agricole, le Groupement peut saisir cette opportunité.
3 – Diversifier nos outils et nos contrats en énergie afin d’optimiser le prix tout en sécurisant à long terme nos approvisionnements.
Nous mettons en place un portefeuille de contrats devant nous permettre, dans le temps, d’acheter au bon moment et au meilleur prix selon nos critères de viabilité économique et d’acceptabilité du risque. D’abord, nous devons être capables d’aller chercher de la performance sur une échéance la plus variable possible (de contrat « spot » à des contrats d’achat d’énergie renouvelables sur 20 ans). De la même manière, nous devons être capables de contractualiser autant de contrats financiers que d’achats physiques et les intégrer sans distinction dans notre approvisionnement et cela, de façon transparente pour nos clients internes.
Comment conjuguez-vous développement, RSE, et responsabilité environnementale ?
Par notre stratégie et les actions qui sont mises en œuvre, nous mettons en place certains des piliers de la transition énergétique. Nous œuvrons à ce que tous nos nouveaux points de vente et tous nos sites rénovés soient plus sobres en énergie, permettent l’efficience dans leur profil de consommation et produisent autant que possible l’énergie qu’ils consomment. Nos 3 piliers stratégiques, la consommation, l’achat et la production, sont au cœur des enjeux liés au développement et à la transformation du Groupement.
Vous vous êtes fixé des objectifs quantitatifs de réduction de votre budget énergie ?
Nous nous sommes fixé 2 engagements d’ici 2030 : réaliser 40% d’économies d’énergie par rapport à 2014 ; et acheter et produire de l’énergie renouvelable pour couvrir 32% de nos consommations.
Quels sont vos besoins pour décliner concrètement cette ambition ?
Nous souhaitons d’abord maitriser un maximum nos coûts énergétiques. Avec un prix prédéfini et stable sur la durée, les PPA nous assurent la visibilité des coûts énergétiques à moyen et long terme et nous limitent l’exposition à la volatilité des prix du marché de l’énergie. De plus, les prix négociés actuellement sur les PPA sont compétitifs.
A quel besoin précis répond ce contrat ?
Le contrat porte sur la fourniture de 340 GWh sur 20 ans, soit 17 GWh annuels. L’électricité sera fournie grâce à l’intégralité de la production de la centrale solaire d’ENGIE Ygos 2, d’une capacité installée de 13 MWc. Cette énergie sera dédiée à l’alimentation des usines de production agroalimentaire du Groupement. Ce contrat nous permet de sécuriser des volumes renouvelables à long terme, mais également d’éviter l’émission estimée de près de 4 500 tonnes de CO2.
A court terme (avant fin 2024), notre objectif est d’avoir contractualisé l’équivalent de 10% de nos consommations d’électricité annuelle via des PPA. A long terme, cet objectif s’élève à 25%.
Nos KPI sont les suivants : Pay as produced, additionnalité, prix compétitif, bonne acceptation locale.
Un engagement sur 25 ans en grande distribution, c’est novateur, comment comptez-vous piloter ce volet ?
Notre Groupement existe depuis plus de 50 ans et nous sommes confiants sur le fait qu’il sera encore présent dans les 50 prochaines années. Le pilotage d’un tel outil n’est pas plus difficile que le pilotage de nos consommations. Le premier point est évidemment d’avoir une analyse juridique solide du contrat qui sera en cours durant ces 25 ans. Ensuite, nous avons vu que le pourcentage couvert par les PPA est nettement inférieur à nos besoins à date, ce qui permet de limiter les risques. Enfin, on le sait, le solaire est aujourd’hui l’énergie la moins chère et cette tendance demeura encore longtemps. Finalement, il s’agit d’une question de confiance dans son activité et dans la stratégie.
Avez-vous d’autres projets de développement ?
Des centaines ! Les évolutions techniques et règlementaires élargissent chaque jour le champ des possibles et des opportunités. Nous travaillons aujourd’hui sur des sujets très variés comme celui de l’hydrogène, de l’agrivoltaïsme, de la production de biogaz et de la méthanisation ou encore la flexibilité de nos contrats d’énergie.