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Énergie : la singularité européenne

Publié le 5 mars 2015 - Par
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ampoule et graphiqueDans le monde de l’énergie, l’Europe joue une partition singulière, comme nous l’explique Hervé Delas, analyste marchés gaziers et demande énergétique, à la direction de la stratégie de GDF SUEZ.

Avec la timide reprise économique, assiste-t-on à une augmentation de la consommation d’énergie en Europe ?

Pas exactement. Les dernières statistiques d’Eurostat montrent que, l’an passé, la consommation intérieure brute d’énergie des états membres de l’Union européenne a atteint près de 1,7 milliards de tonne équivalent pétrole (Mtep) : autant qu’en 1990 ! Dans le même temps, la demande énergétique mondiale a doublé. Or, le PIB européen n’a cessé de progresser entre 2013 et 2014.

Comment expliquer un tel paradoxe ?

Cette stabilisation européenne a plusieurs explications. Depuis la crise financière de 2007, la production industrielle communautaire marque le pas. Ce phénomène a été renforcé par la délocalisation de nombreux sites industriels hors d’Europe. Parallèlement, les programmes d’amélioration de l’efficacité énergétique donnent des résultats. Les directives ERP (Energy Related Products) et éco-conception obligent constructeurs et distributeurs à mettre sur le marché des appareils toujours plus sobres. L’Europe a récemment interdit les ampoules à incandescence, à faible efficacité énergétique.

Les bâtiments doivent aussi réduire leur consommation…

Tout à fait. En France, les bâtiments d’habitation neufs — soumis aux nouvelles réglementations thermiques — consomment quatre fois moins de kWh que la moyenne du parc de logements. Le crédit d’impôt et le dispositif des certificats d’économie d’énergie ont permis de remplacer bon nombre de chaudières classiques par des chaudières à condensation, au rendement énergétique bien supérieur.

Si l’économie européenne poursuit sa croissance, faut-il s’attendre à une reprise de la demande énergétique ?

Quelles que soient les évolutions des usages et des bouquets énergétiques, l’avenir européen s’annonce sobre. Le « paquet énergie climat 2030 », en cours d’adoption par les 28, propose d’abattre de 40% les émissions de gaz à effet de serre de l’UE, entre 1990 et 2030. Ce qui aura probablement une incidence baissière sur leur demande d’énergie. Dans le reste du monde, c’est un peu l’inverse. Dans leurs dernières études prospectives, BP et l’agence internationale de l’énergie estiment que la demande d’énergie primaire mondiale devrait bondir de plus d’un tiers au cours des deux prochaines décennies. En cause :l’accroissement démographique et l’amélioration des conditions économiques de nombreuses régions, notamment asiatiques.

Stabilisation de la consommation d’énergie en Europe :

schema baisse augmentation

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