Énergies : l’incertitude sur les prix à moyen terme
Rarement le métier d’acheteur d’énergies ne s’était révélé aussi difficile que durant cette période. Cela avait pourtant bien commencé. Les quatre dernières années, les prix du gaz naturel et de l’électricité avaient fortement baissé. La remontée des prix est arrivée subitement.
Les prix du Gaz
Indexée sur celles du pétrole, la courbe des prix gaz a suivi, logiquement, une courbe fortement baissière depuis 3 ans. Jusqu’à ces dernières semaines. Depuis février, le prix du brut a progressé de 80 % (jusqu’à 50$/baril), entraînant dans sa remontée les cours du gaz naturel.
Ces derniers pourraient néanmoins repartir à la baisse. Le ralentissement de l’économie asiatique et la nouvelle politique énergétique américaine rendent le marché européen très attractif pour les producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL).
Les premières cargaisons des méthaniers américains sont attendues pour l’été en Europe. Couplées à des exportations australiennes, elles pourraient contribuer à faire chuter les prix du gaz toujours en Europe. A moins, bien sûr, que la période de maintenance des plateformes et des gazoducs de la mer du Nord ne traîne en longueur. Un rebond ne serait alors pas à exclure.
Des facteurs plus politiques peuvent influer sur les prix, à l’instar d’une nouvelle politique monétaire américaine (annoncée au début de l’année, mais toujours en attente) ou d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Les prix de l’Électricité
Pour l’électricité, la tendance générale ces dernières années a également été marquée par un recul des prix. Les prix de gros européens étant en partie conditionnés par les prix des combustibles. Ces derniers ont fortement reculé en raison des surcapacités disponibles et de la chute du prix du pétrole. La forte progression de la production de gaz de schiste américain qui a conduit les électriciens américains à préférer le gaz (devenu bon marché) au charbon, est un élément parmi d’autres.
Délaissé outre-Atlantique, King Coal a été exporté à bas coût en Europe. Ajouté à cela un ralentissement de l’économie chinoise et une contraction de la demande mondiale de charbon-vapeur, les prix du charbon ont baissé de 70%.
Autre facteur structurant : la progression des énergies électriques renouvelables. Dans une dizaine d’années, la France pourrait disposer de 20 à 25 GW de centrales éoliennes et photovoltaïques. Ces capacités de production complèteront le parc existant et compenseront en partie les probables pertes sur le parc nucléaire. Cette progression du renouvelable est un phénomène que l’on observe sur toute la plaque de cuivre européenne et limite le potentiel de hausse des prix dans les prochaines années.
La lutte contre le changement climatique pourrait, elle aussi, faire bouger le curseur-prix de l’électricité. Actuellement, le marché des quotas d’émission de gaz à effet de serre (ETS) pèse peu sur ceux de l’électricité. Pour redonner du tonus au cours du « permis d’émission », la France milite pour la mise en œuvre d’un corridor de prix du CO2 en Europe. De quoi alourdir le prix du MWh. Les négociations sont en cours entre les 28. Il est probable qu’elles se poursuivent encore.